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Analyse d’une promesse de quinquennat… Par Jean-Pierre Corréa

5 ans… Cela aurait dû être la fin d’un mandat promise à des millions d’électeurs il y a justement 5 ans. Mais ce moment des promesses nous ramène à cette liesse populaire qui avait envahi le Radisson Blu au soir d’une victoire espérée par des millions de sénégalais exaspérés par la gestion familiale et clanique du pouvoir exercée alors par le président Wade. Et nous n’avions pas remarqué dans cette euphorie collective constellée d’espoirs, que déjà se pressaient dans les couloirs de ce palace les nouveaux hommes du clan. Leurs visages suintaient d’une impression de jouissance teintée de « c’est notre tour », « un c’est notre tour » que nous aurions aimé être expurgé de vindicte, mais hélas…
Donc, encore deux années à accompagner un « Yonnu Yokkuté » qui aura pris quelques virages inattendus, et pas vers ceux qui en attendaient des bienfaits. On a connu le « deuk-bi dafa Macky » pour s’amuser de nos portefeuilles en berne, mais les thuriféraires zélés de notre président nous ont toujours expliqués que l’argent qui circulait depuis 2012 avait été lavé de toutes magouilles, contrairement à l‘ère de leurs prédécesseurs. Donc, CQFD, l’argent déclaré par notre président pour justifier son patrimoine serait donc entaché ?
Cet anniversaire est aussi l’occasion de revenir sur la « gouvernance sobre et vertueuse » clamée et revendiquée par les apéristes et leurs alliés. Question sobriété, on repassera, avec l’érection du HCCT, fromage offert à Tanor pour services rendus et qui remplace le tout aussi coûteux et inutile Sénat. Question « vertus », on s’est vite accommodé du soutien d’hommes qui étaient au lendemain de sa victoire aux portes de Rebeuss, comme Cheikh Amar qui ne nous a toujours pas expliqué comment il compte rembourser l’ARTP qu’il a grugée de plusieurs milliards de fonds publics.
Alors ? Vit-on mieux sous Macky que sous Wade ? Question de ressenti, c’est kif-kif, puisque dès qu’on soulève une question dérangeante, ses spadassins excités nous rétorquent qu’avant c’était pareil, oubliant l’adage qu’il vaut mieux ne pas en faire partie que d’y avoir moins participé. Or, peu ou prou, ce sont les mêmes qui étaient sous les lambris dorés des sinécures wadistes qui se baladent dans les couloirs sallistes.
Le souci c’est qu’en 5 ans, rien n’a vraiment bougé. La famille présidentielle est toujours omniprésente dans les affaires, dans les institutions, souvent créées pour les y placer, Conseil économique, social et environnemental ; où ils pullulent, HCCT, dont on doute que la moitié des membres sachent nous expliquer la décentralisation, et tout semble être du même acabit.
Que reste-t-il en cinq années de règne, alors qu’on a déjà perdu 3 ans avec « le procès du siècle, celui de Karim Wade, qui a fait « pschiit », à tel point que durant cette tragi-comédie du pouvoir des hommes du sérail se sont aventurés à en demander une drastique correction des termes de références ? Il nous reste le PSE, ah… Si on ne l’avait pas celui-là de PSE, sur quelle architecture construiraient-ils leurs discours ? PSE par ci, PSE par-là, il est à toutes les sauces, et en devient peu ragoûtant, à tel point que devant attirer les investisseurs, les promesses de dons, comme le téléthon se font encore attendre. Alors il nous reste la bonne politique politicienne. Et là, alors rien n’a bougé… Vous vous souvenez plus haut, ils pensaient avides à « c’est notre tour… ». Ils ont fini par enfermer le chef de l’état dans leur « tour »…d’Ivoire.
Mais il nous reste cette bonne vieille Assemblée Nationale, qui en finit avec sa mandature et qui dort depuis 5 ans avec à son bilan pas un seul projet de loi, pas une seule proposition de loi. Eux ils ont deux mois encore pour se réveiller… Le réveil est dans les urnes… Le pouvoir aussi. Faut juste en user.

Jean Pierre Corréa

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