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Énergie solaire, fardeau ou miracle pour l’économie africaine ?

[CAVIE/ACCI] L’énergie solaire représente une réponse possible à l’insuffisance de la production électrique en Afrique. Mais le financement des projets demeure un défi pour des États aux finances fragiles.

À l’heure où les problématiques dites environnementales prennent de plus en plus d’importance dans nos sociétés industrialisées, l’Europe et l’Afrique ont un point commun : leur difficulté à répondre à la forte demande générale en électricité.

Si pour les Européens la cause principale de ce problème est depuis toujours la surconsommation d’énergie électrique durant la période hivernale, au sud de la Méditerranée, c’est bien le manque de capacité de production qui justifie ce déséquilibre entre l’offre et la demande.

Un continent encore sous-électrifié

À titre comparatif, aujourd’hui encore, en Afrique subsaharienne la quantité maximale de production d’énergie électrique représente à peine un tiers de celle du Vieux Continent. Environ 90 % des 600 millions d’habitants des zones rurales n’ont pas accès à l’électricité,

Face aux révoltes sociales des populations oubliées et au constat des enjeux économiques et environnementaux réels de la production d’énergie électrique, nombreux sont les États africains qui ont fait de l’accès à l’électricité l’une de leurs priorités.

Seulement voilà, produire et transporter cette énergie représente des investissements beaucoup trop lourds à supporter pour des sociétés publiques aux finances souvent fragiles. Dans ce contexte économico-énergétique complexe, les experts du climat tentent de rassurer les financiers et décideurs locaux en vantant les bienfaits de l’énergie solaire pour chauffer et produire de l’électricité.

L’Afrique, une terre idéale pour le solaire

Première bonne nouvelle pour les principaux intéressés : l’ensoleillement exceptionnel dont bénéficie l’Afrique et la présence d’espaces encore vierges font de ce continent une terre idéale pour le solaire.
Autre bonne nouvelle : grâce à une technologie maîtrisée, des frais de recherche et développement relativement bas ainsi que des délais de construction plutôt courts, le solaire se déploie rapidement et permet de produire de l’électricité à des coûts inférieurs de moitié à ceux des vieilles centrales thermiques.

La course aux projets est donc lancée : les États essaient par tous les moyens d’attirer des investisseurs étrangers ainsi que des producteurs indépendants d’électricité pour booster le développement du solaire en Afrique. Et ils y arrivent.

Des méga-projets annoncés

Il y a un peu plus d’un an, en février 2016, le Maroc fait figure de précurseur en inaugurant Noor, la septième centrale solaire thermodynamique la plus grande de la planète. Avec plus d’un demi-million de panneaux solaires répartis sur l’équivalent de 600 terrains de football, d’ici cinq ans, ce mastodonte de l’énergie renouvelable devrait pouvoir couvrir les besoins en énergie de plus de 40 % des foyers marocains.

Autre exemple concret à l’appui : seulement huit mois plus tard, en octobre 2016, le Sénégal dévoile au reste du monde Senergy 2, la plus grande centrale solaire d’Afrique de l’Ouest avec 75 000 panneaux photovoltaïques et une puissance de 20 mégawatts (MW).

C’est désormais un fait : l’Afrique se développe, oui, mais surtout, elle le fait à une vitesse spectaculaire. Si cette dynamique positive n’était pas amenée à ralentir durant ces prochaines années, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) espère que d’ici à 2030 le solaire pourrait représenter 14 % de la puissance installée en Afrique.

Des défis importants

Le défi est de taille pour les États africains, les enjeux étant techniques, sociaux, politiques, mais aussi financiers. Derrière chaque projet solaire privé, il existe un contrat garantissant l’achat par l’État de l’électricité produite et cela à un prix fixé à l’avance. Le rayonnement solaire serait-il donc, à long terme, une source d’enrichissement réelle pour les pays qui investissent aujourd’hui dans le solaire ? Sûrement. Mais pas sûr.

À ce sujet, des experts du climat rappellent que malgré le désir de politiciens et industriels influents d’accélérer les constructions de centrales solaires un peu partout sur le continent, cette ambition ne peut faire oublier que toutes les conditions techniques (production, distribution, installation) doivent être réunies pour parvenir à intégrer cette nouvelle source d’énergie dans des réseaux encore fragiles.
Dans le cas contraire, l’énergie solaire pourrait devenir un fardeau au lieu du miracle attendu pour résoudre le défi énergétique de l’Afrique.

Martin Lozniewski

 

Source : CAVIE

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