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Gabon : l’opposant Jean Ping appelle à un recomptage des voix

Jean Ping, le principal adversaire d’Ali Bongo à l’élection présidentielle gabonaise, a déclaré vendredi qu’il était le président de la République, lors d’une conférence de presse, exigeant en outre un nouveau comptage des voix.

« Le président, c’est moi », a assené l’opposant gabonais Jean Ping, lors d’une conférence de presse organisée vendredi 2 septembre au soir, après avoir été libéré de son QG de campagne à Libreville, qui avait été encerclé par les forces de sécurité gabonaises. « Le monde entier sait qui est le président de la République : c’est moi, Jean Ping », a insisté l’ancien ministre des Affaires étrangères. « Notre pays évolue vers un chaos généralisé […]. L’apaisement ne peut survenir que si la vérité des urnes est rétablie et respectée », a-t-il poursuivi.

De son côté, le président sortant Ali Bongo a dénoncé les violences de l’opposition, dans un entretien exclusif accordé à Patrick Fandio, journaliste à France 24. « Nous sommes aujourd’hui dans une situation où nos forces affrontent des pilleurs instrumentalisés, des casseurs. Nous ne sommes pas devant un mouvement populaire, il n’y a pas de banderoles, de revendication. Nous sommes dans un État de droit avec des possiblités pour chacun d’exprimer son point de vue et si on n’est pas satisfait d’une situation ou d’une autre, il existe des juridictions devant lesquelles on peut se présenter ».

Violences et interpellations

Des violences ont éclaté dans les grandes villes du pays mercredi lorsque Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009, a été déclaré vainqueur de justesse de l’élection présidentielle de samedi dernier. Jean Ping a dénoncé une imposture.

Des centaines de militaires et de policiers se sont déployés vendredi dans Libreville, où les habitants ont commencé à ressortir dans les rues et où des magasins ont rouvert après deux jours d’émeutes. La garde républicaine a pris position à proximité du palais présidentiel. Cinq personnes ont été tuées dans les violences post-électorales, selon un bilan communiqué vendredi par le porte-parole d’Ali Bongo, Alain-Claude Billie. Le ministère de l’Intérieur a fait état de son côté de 1 100 interpellations en date de jeudi après-midi.

Un groupe de partisans de Ping, qui étaient retenus à l’intérieur de son QG de campagne, ont par ailleurs été libérés, ainsi que l’avait réclamé dans la journée le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault.

Au pouvoir depuis la mort en 2009 de son père Omar Bongo, qui a passé 42 ans à la tête du pays, Ali Bongo a été déclaré réélu mercredi par la commission électorale (Cénap) avec 49,80 % des suffrages contre 48,23 % pour Jean Ping, soit moins de 6 000 voix d’écart. Mais l’opposant dénonce un résultat truqué et a appelé la communauté internationale à intervenir.

La Françafrique est « derrière nous »

La France, les États-Unis et l’Union européenne ont demandé la publication des résultats du scrutin bureau par bureau pour plus de transparence, une requête qu’a rejetée le porte-parole d’Ali Bongo jeudi. Les autorités françaises ont par ailleurs fait savoir vendredi qu’elles étaient « en contact avec toutes les parties » afin de « trouver une solution rapide » à la crise politique.

La France, qui est intervenue en Côte d’Ivoire en 2011 sous mandat de l’ONU et plus récemment en Libye, au Mali et en Centrafrique, dispose d’une base militaire au Gabon depuis l’indépendance, en 1960, et quelque 450 soldats y sont stationnés.

Mais, interrogé sur France 2, Jean-Marc Ayrault a exclu vendredi matin que la France s’ingère dans les affaires intérieures du Gabon, ancien pilier de la « Françafrique », synonyme de réseaux occultes entre la France et l’Afrique. « Nous sommes des partenaires de l’Afrique mais nous ne voulons en aucun cas nous ingérer dans les affaires intérieures des pays. Ce serait irrespectueux pour les Africains, », a-t-il expliqué, ajoutant que la période de la Françafrique était « derrière nous ».

Les relations entre Paris et Libreville, privilégiées sous Omar Bongo, se sont distendues ces dernières années. En janvier, le Gabon a rappelé son ambassadeur en poste à Paris en réaction à des propos tenus par Manuel Valls. Le Premier ministre français avait estimé qu’Ali Bongo n’avait pas été élu démocratiquement « comme on l’entend ».

Avec Reuters

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