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Jeunesse Africaine : bombe ou dividendes

Avec 200 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans, l’Afrique a la population la plus jeune au monde. Selon le rapport Perspectives économiques en Afrique, établi en 2012 notamment par la Banque africaine de développement (BAD), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’Organisation de coopération et de développement économiques des pays industrialisés (OCDE), ce chiffre devrait doubler d’ici à 2045.

Chaque année, plus de 12 millions de jeunes essaient d’entrer dans le milieu de travail en Afrique! Beaucoup parmi eux, malgré la croissance économique, ne trouvent pas le sésame.

Selon la Banque mondiale, les jeunes représentent 60 % de l’ensemble des chômeurs africains. En Afrique du Nord, le taux de chômage des jeunes atteint 30 %. Au Botswana, en République du Congo, au Sénégal, en Afrique du Sud et dans plusieurs autres pays, la situation est encore plus préoccupante.

En 2009, les dirigeants africains se sont réunis à Addis-Abeba (Éthiopie) pour tenter d’endiguer le chômage des jeunes. Ils ont proclamé la « Décennie de la jeunesse africaine » (2009-2018) et décidé de mobiliser des ressources, dont celles du secteur privé, en faveur de la promotion des jeunes.

Le Journal Africa Renewal, dans son édition de Septembre 2015 a listé quelques initiatives prises par certains gouvernements africains :

  • Le Ghana a mis en place un service national de la jeunesse et des programmes d’autonomisation visant à doter les diplômés de l’enseignement supérieur des compétences requises et à les aider à trouver un emploi.
  • Maurice a élaboré un plan visant à inciter les jeunes à se tourner vers l’enseignement technique et la formation professionnelle.
  • La Zambie a adopté une politique nationale pour la jeunesse et créé un fond pour les jeunes entrepreneurs afin de stimuler la création d’emplois.
  • Le gouvernement nigérian a mis en place un programme d’acquisition de compétences et d’aide à la création d’entreprise dans le cadre du Service national de la jeunesse ; il a également instauré un concours de plan d’affaires, Youwin, qui accorde aux gagnants un financement de démarrage. »
  • Au Sénégal, en plus du Fonsis et du Fongip, le président Sall a lancé en février 2013 un programme visant à créer 30 000 emplois d’ici la fin de l’année et éventuellement 300 000 d’ici 2017.

Le moins que l’on puisse dire est que l’effet de ces initiatives nationales sur le taux de chômage des jeunes africains reste très limité.

Le journal “le Quotidien », dans sa parution du 20 Novembre 2015, a rendu publique la première enquête nationale sur l’emploi au Sénégal (Enes) effectuée par L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Selon les résultats de ces travaux menés sur un échantillon de 6 mille ménages durant 35 jours entre juin et juillet, 13% des Sénégalais sont au chômage.

Toutefois, les statistiques du chômage en Afrique ne tiennent pas compte des emplois précaires et du sous-emploi dans le secteur informel. Selon un rapport de la Brookings Institution, organisme de réflexion indépendant basé à Washington, « Les jeunes [africains] trouvent du travail, mais pas à des rémunérations correctes et sans la possibilité de perfectionner leurs compétences ou d’avoir une certaine sécurité de l’emploi ». Plus de 70 % des jeunes de la « République du Congo, de la République démocratique du Congo, de l’Éthiopie, du Ghana, du Malawi, du Mali, du Rwanda, du Sénégal et de l’Ouganda sont à leur compte ou contribuent à des activités familiales ». Selon les Perspectives économiques en Afrique, plus de 70 % des jeunes Africains en moyenne vivent avec moins de 2 dollars par jour, le seuil de pauvreté défini à l’échelle internationale.

 

Comment faire pour que les économies africaines soient plus inclusives, plus créatrices d’emplois stables et bien rémunérées?

Comme écrit plus haut, les idées ne manquent pas.

La Brookings Institution préconise de mettre l’accent sur la production industrielle, « le secteur le plus étroitement associé à une forte croissance de l’emploi ». Elle encourage aussi l’accroissement des investissements dans l’agriculture, le tourisme, le bâtiment et dans les projets qui emploient des jeunes. « Les programmes de travaux publics donnent aux jeunes travailleurs, en particulier à ceux des zones rurales et aux personnes peu qualifiées, l’occasion d’acquérir une première expérience professionnelle. »

Le PNUD préconise également d’accroître les investissements dans l’agriculture. Dans son premier Rapport sur le développement humain en Afrique publié en mai 2012, il juge inacceptable que les gouvernements africains consacrent plus d’argent à l’armée qu’à l’agriculture.

La FAO s’est jointe ce mois-ci avec le NEPAD pour financer des politiques visant a développer l’emploi en milieu rural dans certains pays africains  (Cameroun, Niger, etc.).

Voici ce que nous proposons!

Dans ce qui suit, nous allons listé les secteurs que nous pensons être les plus prometteurs pour les jeunes africains d’aujourd’hui et des décennies à venir. Nous allons aussi énumérer les “impératifs gouvernementaux” pour capturer les opportunités qui se présentent; et chaque semaine nous allons essayer de proposer des pistes pour developper maximiser les emplois dans chacun de ces dits secteurs.

 

  • L’Afrique a une population jeune et un taux d’urbanisation le plus élevé au monde. En 2034, selon Mc Kinsey, l’Afrique aura une population active plus large que la Chine ou l’inde. Les nouvelles technologies, combinées ou à côté des abondantes ressources naturelles, vont susciter beaucoup d’opportunités pour les consommateurs et les entreprises
  • Aujourd’hui, les dépenses totales des consommateurs et des entreprises avoisinent les 4.000 milliards de Dollars US. Elles atteindront 6.100 milliards en 2025.
  • La production manufacturiere pourrait pratiquement doubler, passant de 500 milliards a 930 milliarfs en 2025. Ceci pourrait occasionner la création de 14 millions d’emplois stables.
  • Dans la prochaine décennie, plus de 6.400 milliards de Dollars US seront investis dans les technologies vertes (Clean Technologies). De ces 6.400 milliards, 1.600 milliards USD seront accessibles aux PME des pays en voie de developpement (InfoDev, W. Bank)
  • 700 milliards doivent être investis dans les « infrastructures vertes » d’ici à 2020 pour lutter contre les changements climatiques (WEF). La majorité de ces investissements (200 à 300 milliards par année d’ici a 2030) devra être faite dans les pays sous-développés.
  • Aujourd’hui, la contribution de l’Internet au PNB des pays africains est de $18 milliards. Cette contribution pourrait atteindre $300 milliards en 2025 tout en permettant presque $300 milliards de gains de productivité dans plusieurs secteurs socioéconomiques (Mc Kinsey, Lions go digital : the Internet’s transformative potential in Africa).
  • Les Impératifs à l’échelle du Gouvernement (Mc Kinsey : Lions on the Move 2) :

En plus des réformes dans tous les secteurs, chaque gouvernement doit:

  • mobiliser toutes les ressources intérieures
  • diversifier agressivement l’économie
  • accélérer le développement des infrastructures
  • approfondir l’intégration régionale
  • créer les talents de demain
  • s’’assurer d’une urbanisation saine
  • créer un écosystème favorisant l’éclosion et la croissance de startups (créateurs d’emplois Vs chercheurs d’emplois).

Pour le Sénégal, nous pensons que les secteurs d’activités suivants sont porteurs d’avenir

  • Transformation agricole
  • IT, Digitization & Gig Economy
  • Gas & Oil
  • Digital Health
  • Les Clean technologies (CleanTech) et les énergies renouvelables (off-grid)

 

Samba GUISSE

E-mail : sambaguis@gmail.com

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