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Ndary Lô, un sculpteur sénégalais qui « savait parler à son peuple » (critique d’art)

L’artiste sculpteur Ndary Lô, décédé le 8 juin dernier, à Lyon (France) des suites d’une longue maladie, était « très engagé » et savait « parler à son peuple » a soutenu, mercredi, Babacar Mbaye Diop, le président de la section sénégalaise de l’Association internationale des critiques d’art (AICA) dans un texte hommage transmis à l’APS.
 Ndary Lô, le seul artiste à avoir remporté par deux fois le Grand Prix Léopold Sédar Senghor de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art) en 2002 avec « La longue marche du changement » et en 2008 avec « La grande muraille verte » est inhumé ce jeudi à Rufisque après la levée du corps à 9h à l’hôpital principal de Dakar.
Pour Babacar Mbaye Diop, ex- secrétaire général de l’édition 2014 du Dak’art, l’artiste-sculpteur laisse à l’humanité toute entière « une œuvre incommensurable et un message de paix et d’unité ». Cela transparaît dans ses sculptures dont notamment les « Marcheurs » (2000-2001), les longues silhouettes métalliques filiformes ou les femmes élancées comme « Femme debout » (2006), les ventres en ferrailles remplis de têtes de poupées comme dans les « Échographies » (1999), « La prière universelle » (2002), « Le refus de Rosa Park » (2006).
Selon M. Diop, par ailleurs professeur au département de philosophie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’UCAD, « Ndary Lô avait le talent, la sagesse et la simplicité » des grands artistes.  Le critique d’art surnommait d’ailleurs le sculpteur « le génie daptaïste », en référence à un mot créé et défini par Ndary Lô comme « un principe philosophique et artistique prônant la faculté de s’adapter à tout et en toute circonstance ».
« Il aimait à dire que, pour lui, tout est prétexte à la création. Il ramasse et entasse des objets récupérés qu’il recycle pour en faire des œuvres d’art », se rappelle le président de l’AICA.  Selon Babacar Mbaye Diop, également directeur de l’Institut supérieur des arts et de la culture (ISAC), « ces objets récupérés racontent des histoires » et donnent « un autre pouvoir, une autre utilité à un matériau qui a déjà servi ».  « Outre le fer, qui est sa matière de prédilection, Ndary Lô utilise divers matériaux de récupération : os, bois, tissus, fer, filets, plastique, pour les métamorphoser en figures surprenantes comme dans ’L’Incompris’ », a fait remarquer le critique d’art.
Qui explique que « cette œuvre montre un personnage fabriqué avec le fer comme matériau de base, des poupées à l’intérieur de la tête, des morceaux de tissus autour du corps. Sa tête est tellement lourde qu’elle la porte à deux mains ». L’artiste essaie ainsi « de représenter ce qui peut se passer à l’intérieur d’une tête humaine » a-t-il ajouté. Pour Babacar Mbaye Diop, Ndary Lô est le « seul artiste qui répond à l’appel » du savant Cheikh Anta Diop. Celui-ci disait que « l’artiste qui posera le problème social dans son art sans ambiguïté (…) est l’homme qui répond, dans la mesure de ses dons, aux nécessités de son époque et aux problèmes qui se posent au sein de son peuple ».
Source : APS

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